Diko Kinks

De A à Z

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Par Jérôme Pintoux
24 avril 2020
Prix : 30 €

Extrait :

Dans le rock, on trouve quelques grands paroliers. Il y a Bob Dylan, le Rimbaud du Minnesota ; Syd Barrett, le Lewis Carroll de Cambridge ; Marc Bolan, le William Blake de T Rex ; Frank Zappa, un Juvénal amércain. Il y a aussi Keith Reid, le parolier de Procol Harum, une espèce d'Edgar Poe qui se serait égaré du côté de Soho. Il y a surtout Ray Davies, le leader des Kinks, une sorte d'Oscar Wilde du Swinging London, ou, du moins, un parolier bien sympathique. « On ne voit plus les Kinks ? » La première fois que j'étais allé en Angleterre, en juillet 68, les Kinks faisaient déjà figure de « has been ». Quand je demandais ce qu'ils étaient devenus, on me répondait invariablement : « Ils se battent sur scène ». Il y avait eu pourtant « Waterloo Sunset » qui avait cartonné dans les charts, là-bas, en 1967. Bien sûr, il y a eu d'autres phares des sixties, les Beatles, les Rolling Stones, les Who, mais les Kinks étaient un groupe à part, totalement original. On ne les a pas oubliés. God save the Kinks ! Je ne voudrais pas qu'on me fasse un faux procès. Le rock, la chanson, les morceaux des Kinks, je ne considère pas cela comme de la haute « littérature », mais comme des matériaux de langage. Je ne veux pas prendre des vessies pour des lanternes, mais bien des chansons me semblent le reflet de leur époque et nous permettent de mieux la comprendre, d'en approfondir la vision qu'on en a. Elles nous apprennent peut-être autant de choses que les livres d'histoire ou les manuels de sociologie, ou, du moins, des choses différentes.

Procol Harum

Une ombre blanche

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Par Jérôme Pintoux
24 avril 2020
Prix : 30 €

Extrait :

Dictionnaire Procol Harum : l'auteur a couvert en long et en large la carrière de Procol Harum, ses reformations successives, mais aussi les carrières solos des anciens membres du groupe, Robin Trower, Gary Brooker, Keith Reid, Matthew Fisher. Procol Harum a toujours fait figure de groupe mystérieux. Dès 1967, le nom même de « Procol Harum » semblait surgir de nulle part, ou alors d'une vieille version latine oubliée, sur laquelle on aurait peiné tout un samedi, sans en trouver la solution. Le son de l'orgue était majestueux, mais les textes nous laissaient perplexes : des histoires de naufrages et de losers, parfois impossibles à situer, à contextualiser. Keith Reid, le parolier, c'est une sorte d'Edgar Poe qui se serait égaré dans les années soixante, quelque part du côté de Soho. Procol Harum, ce n'est pas rien. C'est peut-être le groupe qui a inventé le rock prog, ce mélange de rock et d'expérimentations sonores, d'emprunts à la musique classique et de paroles bizarres. « A Whiter Shade of Pale », leur titre de gloire, c'était un slow pour emballer les nanas. Souvent la pop music se limitait à cela. Mais c'est aussi un slow qui nous a fait découvrir la poésie, avec ses « seize vestales vierges » et « son ombre blanche ». C'est l'histoire d'une fille qui fait un malaise - ou une overdose - dans une boîte de nuit. Elle est tellement « blanche » qu'on dirait un fantôme, une « ombre blanche » d'une pâleur mortelle.

Dico Who

D’Anyway, Anyhow, Anywhere à Who Are You ?

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Par Jérôme Pintoux
30 juillet 2020
Prix : 30 €

Extrait :

Les Who s'étaient taillé des costards dans l'Union Jack. De vrais dandies de King's Road ou de Carnaby Street, avant que ces lieux ne deviennent des coins à touristes. L'âme du groupe, c'était Pete Townshend, le guitariste et le compositeur. Roger Daltrey, c'était le chanteur. A la basse, John Entwistle, une autre pointure. À la batterie, un Électron libre, avec un E majuscule, Keith Moon. En 1965, « My Generation », c'est un hymne de jeunes rebelles, avec des paroles agressives mais jouissives. Les adultes ne pouvaient pas les voir, tout cela parce qu'ils se baladaient dans le quartier. Douze ans plus tard, le brûlot des Sex Pistols, « God Save The Queen » apparaît comme un remake de « My Generation », tout aussi rebelle, tout aussi polémique. Les Who se lanceront dans l'opéra-rock, Tommy, l'histoire d'un ado qu'un traumatisme profond a rendu sourd, muet, aveugle. Ils se risqueront aussi dans des carrières solos. Celle de Roger Daltrey n'a pas fait long feu. Il était fait pour interpréter les morceaux des Who. John Entwistle est un parolier intéressant, mais ses textes hésitent entre le cynisme et l'humour noir. Dans ses albums solos il se lâche complètement. Il prend plaisir à raconter les histoires les plus saugrenues, avec son ironie mordante. Quant à Pete Townshend, si sa carrière solo n'a jamais vraiment décollé, c'est qu'il a donné dans tous les travers de l'époque, la drogue, l'alcool, le mysticisme. Pete Townshend avoue que les Who, c'étaient des gamins arrogants, mais pas eux seulement. Leur public aussi. Cette génération de baby-boomers n'a pas toujours été très glorieuse. C'étaient souvent des gamins mal élevés, imbus d'eux-mêmes. Le fameux Swinging London est vite retombé en poussière. But The Kids Are Alright, c'est bien connu. Pete Townshend n'est pas dupe un seul instant. « Toute cette musique doit disparaître ». Que restera-t-il des fameuses Sixties, du rock, de la musique pop en général, dans un siècle ou deux, ou même dans quelques décennies ? Deux ou trois refrains, et encore ? « Hey Jude » des Beatles, ou le riff de « Satisfaction » des Rolling Stones, comme « Le Beau Danube Bleu » a surnagé, un peu par hasard, au milieu de tant de valses de Vienne que l'on a définitivement oubliées ?

Elton John

De Bennie and the jets à Your Song

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Par Jérôme Pintoux
25 juin 2020
Prix : 30 €

Extrait :

En 1970, les Beatles venaient de se séparer. Les Anglais, en plein désarroi, croyaient tenir une entité magique, un nouveau tandem, Elton John et Bernie Taupin, les nouveaux Lennon et McCartney, un compositeur et son parolier. Elton, à l'époque, c'était encore un petit jeune homme timide et réservé. Il ne se déguisait pas encore en personnage de Walt Disney, en Donald Duck. Il y avait juste ses lunettes, qui étaient bizarres. Il a porté les costumes les plus extravagants, il a joué des rocks, des blues, des ballades. Il s'est même spécialisé dans les requiem, « Funeral For A Friend », « Candle In The Wind », l'austère « Song For Guy », « Empty Garden ». Il a rendu hommage à Lady Diana, la princesse de Galles : « Goodbye, England's Rose », « Au revoir, Rose d'Angleterre. » Il a chanté pour le repos des défunts, « Elle était une bougie dans le vent » et sa flamme s'est éteinte. Ce sont peut-être ces morceaux-là qui resteront, ceux qui passeront le mieux à la postérité. Ils demeureront longtemps dans les mémoires. Ils hanteront plusieurs générations. Elton John a beau être un chanteur original et personnel, il n'en demeure pas moins que les emprunts de ses divers paroliers posent problème : ce ne sont pas de simples hommage. Ce ne sont pas toujours de simples clins d'oeil. Bernie Taupin et les autres ont pris des thèmes à gauche et à droite, des images, sans trop se poser de questions, sans trop se gêner. Il y avait un trésor. Ils y ont puisé à pleines mains.

Ferry, Eno, Roxy

Le Rock BCBG

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Par Jérôme Pintoux
20 janvier 2023
Prix : 28 €

Extrait :

Roxy Music, ce n'était pas un groupe lambda. Ces musiciens faisaient un rock glamour, à la fois progressif et rétro, futuriste, passéiste, ironique, distant, dérangeant. On les écoutait, intrigués. On perdait vite ses repères. Ces Anglais avaient un look pas possible, comme des rockers fifties échappés du futur. Les lunettes de mouches mortes de Phil Manzanera, les fourrures « mère-grand » de Brian Eno, c'était décadent. Au milieu de tant de disques fanés, qui rappellent à quel point les seventies furent parfois décevantes, Roxy Music brille encore. Bryan Ferry au chant, Andy Mackay au saxophone, Phil Mazanera à la guitare, Paul Thompson à la batterie, Brian Eno au synthé... Eno ne restera pas longtemps au sein du groupe. Il préférera tenter l'aventure en solo. Il sera l'un des pionniers de l' « ambient music » et un producteur recherché. Nous avons tenté d'esquisser des vies parallèles de Brian Ferry, rocker BCBG, et de Brian Eno, pionnier de l'électronique. Comment Roxy Music a-t-il été perçu à l'époque ? On ne savait pas trop si c'était de l'art ou du cochon. En 1973, on les considérait un peu comme le groupe à la mode, mais moins intéressant que David Bowie, moins mélodique. On croyait avoir affaire à un feu de paille. Ce ne fut pas le cas. Bryan Ferry a poursuivi une carrière solo, avec le succès que l'on sait. On l'a pris pour un mondain, c'est avant tout un cinéphile. Il a hanté les années 30, le répertoire de Cole Porter. Il a même repris du Dylan. L'étiquette « rock BCBG » est un peu ironique. Pourtant elle semble moins péjorative que celle de « rock FM », qui désigne un rock formaté pour les radios américaines, un rock commercial et souvent insipide. Le rock BCBG, c'est une esthétique - un rock raffiné, sans être du rock prog. Sorti en mai 1982, l'album Avalon, par exemple, n'est ni new wave ni after punk. C'est plutôt un album anti-punk, mais sans agressivité aucune, sans déclaration de guerre. Pas du rock engagé. Plutôt du rock dégagé. Des airs qui se perdent dans les brumes, vers l'île des fées. Bryan Ferry a dû détester le punk qui lui avait coupé les ailes en 1977, l'avait terriblement ringardisé et réduit à l'image de crooner rétro. Il a attendu son heure, sinon sa revanche. Cinq ans après les Sex Pistols et les Clash, Roxy Music publie Avalon. C'est au tour des punks de se sentir relégués, de voir leur image ternie.

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